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Plus icy ne viendra, car par la voie humaine
Sa destinée estrange en autres lieux le maine.
Pource ne l’atten plus (O Royne Priscaraxe)
Mais dans huyt tours de Lune atten de vostre race
Le bel et noble oyseau, au monde deux fois né,
Et devant qu’il soit Roy de pourpre coronné,
Qui sera Chevalier tant preux et merveilleux
Que les fors le craindront et les plus orgueilleux,
Par occulte vertu d’un esprit internel
Qu’il tiendra de son pere et d’Ayeul maternel.
Et toutesfoy de luy tu n’auras jouyssance
Qui dure longuement, ne grande esjouyssance.
Car à pene emplumé, quand prins hault vol aura
Son aile mise au vent, son propre nid lairra
Pour plus hault se poser. Pource estant hors d’enfance,
Si de toy veult partir, ne luy en fay defense,
Car aussi bien, jamais ne pourras destourner
Ce que de luy les Cieux ont voulu ordonner.
Quant à toy, Priscaraxe, en laissant trois faons
Couvez au nid du Gal, du germe des Paons,
Tu partiras d’icy pour aller loing cercher
Le fruyct de l’arbre mort, que tu tenois si cher,
Lequel ne retrouvant, par ta dolente cure
Tu prendras nouvel nom, et nouvelle figure
De plene humanité, fors que les jours secretz
Qui sont aux vis sans peau paresseux et sacrez.
Car tu t’arresteras aux trois poix d’Aquitaine
Avec un Roy mondain, comme Royne mondaine,
Et de toy proviendra la noblesse premiere
Qui aux maisons de Lux donnera la lumiere,
Par douze beaux signez. Ainsi vivras heureuse,