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joinct que les chevaux estoient bien domptez et adextrez. Puys, par maniere de premier exercice et passe-temps, les feiz jouster et tournoyer contre mes gens, où après avoir rencontré aux lances, mirent les mains aux espées que jamais n’avoient maniées, et les trouvoient merveilleusement belles en leur splendeur brunie, s’esjouyssans de manier telz bastons flamboyans au soleil. D’ond ilz s’escarmoucharent si courageusement que en fin le jeu fust tourné à noyse si je ne l’eusse faict cesser, en les faisant rengayner espées, et reprendre et lever le long bois, les enhortant desormais à semblables exercices sans outrage, et à tous les devoirs de chevalerie, et principallement au soustien et defense de leur Royne Priscaraxe. De laquelle, avec un dernier baiser et estroict embracement, sans povoir luy dire un seul mot, ne elle à moy par destresse de coeur, je prins congé, et ensemble des vingtquatre Chevaliers et de tout le peuple, lesquelz tous me suyvirent et acompaignarent jusques au port, où mes gens, ayans troussé tout le bagage, estoient jà allez tenir prest mon bon et grand cheval Durat Hippopotame, sur lequel monté avec