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reries, donnoient à Priscaraxe admirable aornement de beauté et accroiscement d’autorité et opinion de noblesse. Et aussi honnestement couvroient la basse partie serpentine, sur laquelle la belle Pricaraye se comportoit et contournoit si dextrement et doucement qu’elle sembloit cheminer un pas menu de jeune et mignarde pucelle ; et sur icelle s’enclinoit à son plaisir, comme en basse reverence et humilité où il appartenoit ; et aussi s’elevoit droicte en stature plus haulte que la commune où il estoit convenable, ce qui luy acqueroit majesté et dignité, voire opinion de divinité. L’ayant donc ainsi aornée et d’habitz et d’honneur, je fei assembler en un pré spacieux tout le peuple d’alentour, qui jà estoit aucunement civilisé, et au son de certains instrumens Musicaux que mes gens avoient, descendirent des montaignes plusieurs autres encore à demi sauvages, qui se vindrent joindre à la trouppe. Et là ayant monté sur une haute platte forme faicte de gazons, où estant assis sur un cespite avec la belle et bien aornée Priscaraxe, après avoir de la main à la bouche donné signe de silence, à haute et claire voix je leur fei une telle