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où, ayant recréé mes espritz pour le sentiment de la nouvelle terre nouvellement descouverte et ayant refaict mon corps de viande et de vin, me sentant las du travail et batu des continuelles pluyes, je me couchay en terre sur six peaux de Lyon ensemble appoinctées, d’ond pour lors j’estoie affublé contre les orages, et là je m’endormi en profond sommeil, durant lequel me vint une telle vision, que devant moy croissoit une tresbelle plante d’une fleur de double Solsie, qu’on appelle l’Amie du Soleil, laquelle sembloit totallement s’encliner vers moy jusques à me aherdre aux jambes. Parquoy, voyant celle tant belle fleur double vers moy s’enclinant, desir me print de la cueillir, voire avec tout son tige et sa racine ; et pource, avec ma dague je fouillay et deschaussay celle belle plante ; mais soubz la racine je trouvay un oeuf de serpent, duquel froissé sortit un poullet Basilisc, dict coquatrix, qui incontinent print plume et devint grand, et s’en vola emportant mon coeur avec soy, qu’il m’avoit tiré du corps, d’ond de frayeur je m’esveillay en sursault, et me senti estroitement embracé et serré corps et jambes par quelque