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ble par toutes eaux et par toutes mers. Puys après je le armay et barday de toutes pieces et harnois convenables. Oultre ce, par un certain art d’ond j’ay le savoir et l’experience, je luy ouvry les costes et luy plantay de grandes ailes, avec l’ayde desquelles, quand il les a estendues au vent, il va plus viste sur les eaux que ne font les oyseaux par l’air. Ayant ainsi preparé ce grand Hippopotame pour m’en servir au besoin, un jour, elevant mon luminaire, j’apperceu les cataractes du Ciel jà estre ouvertes, l’Urne d’Aquarius renversée, le signe des Poissons en exaltation, Orion à son espée, fendant les nues, les Pourceletes tressuantes, et oy derriere moy bruyre les abysmes ouvers et les mers desbondées. À ce grand bruyt revirant la teste, je vi un grand et merveilleux torrent d’infinies eaux venant impetueusement tomber sur le region et la voie par laquelle je cheminois, et envelopper dans les ondes tous les viateurs peregrinants en celle voie, en estaignant leurs cierges et leurs vies. Parquoy, le plus promptement qu’il me fut possible, je prins provision de vivres suffisante à quelques jours pour moy et aucuns des miens,