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De la teste volante et du corps abysmé, et de leur retour et revelation des choses veues. De leur mort et enterrement, et de l’abysme reclos. Chapitre XI.


« Son sort le deceut adonc (dist le Franc-Gal), puys qu’il eut la teste trenchée. Car là faillent tous miracles.

— Rien, rien (dist l’Archier). Ains au contraire en advint grande merveille. Car après le coup baillé, nul sang quelconque ne sortit ne degoutta ne du col trenché, ne de la teste avallée. Et tout incontinent, plustost que l’espée ne fut retirée, le corps sans teste se releva sur piedz, et saulta sur le pavé entre la multitude des assistans, spectateurs bien esbahiz de veoir courir un corps decapité, auquel passant impetueusement parmi la tourbe, tous feirent voie, en se ouvrant et recullant de grand hideur de veoir tel estrange spectacle, tant que ce corps, sans aucun advis, comme corps sans teste et sans yeux, s’en alla precipiter en une fosse obscure d’un profond goulphe, qui peu de temps paravant s’estoit faict par un terrible tremblement de terre et avoit englouti la grande tour de l’horloge et guette de la ville, en si profond