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autant constant et joyeux que si on l’eust mené aux nopces ou à un festin de Joie ; et ce pour autant qu’il se tenoit certain de son sort, et de n’avoir jamais failli à mentir, d’ond il se asseuroit de ne mourir point ; parquoy craincte de mort ne le faisoit ne trembler, ne paslir. En telle asseurance il marcha et monta au lieu du supplice, et quand il fut sur le Morirfault, le ministre de mort le voulut lier et bander. Non, non (dist il en mentant selon son naturel). Jà ne m’en fuyray, n’ayés paeur, car j’ay assez paeur pour nous deux. Ce disant, s’agenoilla devant le perron de marbre blanc, et ce pendant que l’executeur apprestoit son espée trenchante, il tourna la veüe ouverte vers tout le peuple, auquel, pour mentir la dernière fois, il dist à haute voix : Adieu, peuple Orbitan ; je m’en vai mourir. Cela dict, il enclina le chef, et le bourreau, qui jà avoit brandi son glaive, en l’avallant à un roide coup luy tailla le col.