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beaucoup prés, si sains ; ils renferment une grande quantité d’air, qui venant à se rarefier dans l’estomac, gonfle ce viscere, & cause beaucoup de vents. De plus, ces sortes d’œufs sont ordinairement rôtis par dessus, avec une paile rouge, ce qui, avec le sucre qu’on y mêle, ne peut les rendre que fort bilieux. À la vérité, ils flattent le goût ; mais comme le remarque un sçavant Auteur, ils n’en sont pas pour cela moins mal-faisans : Etiamsi suavissima sint, salubritate carent[1]. Ajoûtons que les œufs, par l’acide qu’ils renferment, coagulent les soufres du lait, ce qui ne peut que nuire à la digestion.

Les Œufs perdus ou brulez contractent, par la violence du feu, une acreté & une sécheresse qui les rend dangereux à la santé ; ils ne se digérent qu’à peine, ils resserrent le ventre, & fournissent un suc qui n’est propre qu’à allumer le sang.

Il n’en est pas de même des Œufs pochez à l’eau, la chaleur douce & humectante qui les a cuits, fait qu’ils n’ont rien que de tempéré, qu’ils sont faciles à digérer, & qu’ils produisent un suc innocent[2].

Ces tranches d’œufs durs, qu’on fait racornir dans la poele, & qu’on

  1. Petr. Gont. lib. xi. p. 45.
  2. Petr. Gont. ibid.