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L’ail est un des plus grands poisons qu’on ait à craindre, s’il en faut croire l’Anonyme ; mais cela est exageré. A la vérité l’ail est d’une odeur insupportable, & échauffe considérablement ; mais loin d’être un poison, il est même un antidote contre plusieurs poisons, & contre la malignité de l’air, comme nous l’avons remarqué. Ceux qui en ont examiné avec le plus de soin les effets, prétendent que c’est un excellent remede contre la morsure[1] des chiens enragez. L’ail est caustique, continuë-t-on, & par conséquent pernicieux à la santé. Mais à la santé de qui ? si ce n’est des personnes d’un tempérament trop sec, ou qui sont d’une compléxion délicate. Car les gens replets, & ceux qui font de grands exercices de corps, se trouvent bien d’en user. D’ailleurs, la moutarde que nôtre Auteur recommande tant, n’est-elle pas caustique ? Ajoûtons que lorsque que l’ail est mêlé avec une suffisante quantité d’alimens, ou qu’il est cuit, il n’est plus si caustique[2]. Le feu le corrige même, jusqu’à lui ôter sa mauvaise odeur. Et à propos de cette odeur, nous remarquerons

  1. canis rabidi morsum sanat. Pisanel. de esculent. & potul. facultat.
  2. Omnem cocturâ deponit malignitatem. Pisanell. de esculent. & potul. facult. Petr. Gont. lib. 6. cap. 19.