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l’exemple des Juifs qui mangent beaucoup d’ail, en punition peut-être, remarque-t-il, de leur infidélité, & de leur perfidie. Sur quoi fonde-t-il cette édifiante conjecture ? Sur un point d’antiquité que voici. « Puisqu’autrefois, reprend-il, on punissoit de grands crimes, en condamnant les criminels à vivre d’ail :

Parentis olim, si quis impiâ manu
    Senile guttur fregerit,
    Edat cicutis allium nocentius.


Ne pourroit-on pas croire que ce seroit par une juste punition du ciel, que ces malheureux se trouveroient comme condamnez à manger de l’ail, pour les rendre horribles au reste du genre humain ? Leur puanteur seroit donc la marque de leur anatheme. »

Certes voilà un curieux trait d’antiquité ! on punissoit autrefois de grands crimes, en condamnant les criminels à vivre d’ail. Et quels crimes ? les parricides : c’est Horace qui le dit, parentis olim, &c. Seroit-ce là un échantillon de la grande litterature de nôtre Auteur ? Comment s’est-il pû tromper de la sorte sur le sens d’un passage si connu ? Que ne consultoit-il quelqu’un ? il n’y a petit novice en fait de belles Lettres, qui n’en eût sçû assez pour lui apprendre que c’est