Page:Andry - Traité des aliments de carême, 1713, tome II.djvu/81

Cette page a été validée par deux contributeurs.

Sans l’odeur insupportable dont l’ail infecte l’haleine, cette racine mériteroit d’être regardée comme un présent de la nature. En effet nous n’avons guéres de meilleur rémede contre la malignité de l’air, & contre la corruption des humeurs. L’ail modérément pris, fortifie l’estomac & tous les visceres, il purifie la masse du sang, il résout les sucs trop visqueux, facilite le cours de tous les fluides : aussi trouve-t-on dans l’ail un excellent secours contre les fiévres tierces, & contre les fiévres quartes. Plusieurs personnes, pour se rendre le corps plus sain & plus vigoureux, prennent pendant le mois de Mai, tous les jours à jeun, un peu de beurre frais avec de l’ail & du sel, & on remarque que cette pratique n’est point sans succés. Le poisson le plus visqueux assaisonné d’un peu d’ail, en est plus ferme & de meilleur goût. L’anguille même qui est si mal faisante, trouve dans l’ail un puissant correctif ; & les légumes les plus grossiers, deviennent, par le moïen de l’ail, moins lourds sur l’estomac, & moins rebelles à la digestion. Les gens de mer, les ouvriers, ceux qui habitent des Païs froids, & marécageux, ceux qui vivent au milieu des neiges, se garantissent de mille infirmitez par le moïen de