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vinaigre. Quelques-uns y font broïer des amandes douces ; on la rend par ce moïen plus blanche & plus agréable, mais moins propre à purger le cerveau & à débarrasser l’estomac.

Nous avons dit que la moutarde étoit propre pour purger la pituite, mais l’Auteur du Traité des Dispenses y reconnoît une qualité bien supérieure à celle-là. C’est de donner de l’esprit & du plus solide. Peu de gens ignorent la fable d’Apollon, qui se mit un jour à vendre de l’esprit. Si on est en peine de sçavoir comment il s’y prenoit pour cela, la chose est claire à présent ; c’étoit, sans doute, de la moutarde qu’il vendoit. De quel débit ne seroit point une telle marchandise, si elle donnoit aussi de la mémoire ? Car Apollon, comme on sçait, ne trouva pas grands acheteurs ; tandis que Mercure, marchand de mémoire, vendit plus qu’il ne voulut. Mais il n’importe, comme l’esprit n’est pas moins rare, quoique presque tout le monde s’en croïe pourvû, c’est toûjours beaucoup de sçavoir qu’on en peut acheter, & qu’il n’y a que de la moutarde à demander.

Mais comment la moutarde peut-elle donner de l’esprit ? Nôtre Auteur l’explique. « Tant de belles qualitez, dit-il, se confirment par l’observation