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leur premier état. Il y a néanmoins cette difference entre l’acide du verjus, & celui du vinaigre, que le premier n’aïant encore éprouvé aucune fermentation, est comme un acide brute & engourdi ; au lieu que le second, réveillé par plusieurs sortes de mouvemens qu’il a reçus à l’occasion des divers changemens qui sont arrivez à la liqueur, est beaucoup plus vif & plus actif. Aussi remarque-t-on que le vinaigre dissout les perles, les coraux, & les pierres les plus dures, tandis que le verjus y fait à peine impression : d’où il est aisé de conjecturer que le grand usage du vinaigre dans les assaisonnemens, peut avoir ses dangers, & que celui du verjus doit être plus innocent. Ce qu’il y a de certain c’est que l’experience fait voir que le vinaigre, quand on en use fréquemment, affoiblit considerablement l’estomac, & cause des mouvemens convulsifs : ce qui ne peut venir que du trop grand picotement qu’il fait sur les fibres. Ajoûtons qu’il est contraire aux femmes, sur tout à celles qui sont sujettes à la maladie hysterique ; qu’il séche le corps, & qu’en rafraîchissant en apparence, il brûle en effet.

Le verjus est plus temperé, ainsi qu’il est facile de le voir, par le succés