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Le propre du safran, dont l’usage est si commun en plusieurs Païs pendant le Carême, où on en mêle dans presque tous les mets, est d’être bon à l’estomac, & aux poumons, de réjoüir le cerveau, de lever les obstructions, de procurer le sommeil ; mais il faut prendre garde d’en abuser, car il peut produire des effets dangereux, comme nous le remarquerons dans un moment. Nous disons qu’il est bon aux poumons, ce qui est si vrai qu’il facilite la respiration, & que les asthmatiques se trouvent soulagez d’en prendre un peu dans du vin chaud,[1] ce qui l’a fait appeller par Cardan l’ame des poumons. Cet Auteur nous assure avoir guéri par le seul secours du safran, plusieurs malades qui ne pouvoient respirer ; & entr’autres une Dame du premier rang, laquelle étoit si oppressée depuis deux mois, qu’on ne lui esperoit plus de vie[2]. Il leve les obstructions, & on remarque que l’usage du pain safrané,[3] est extrêmement bon contre les pâles couleurs. Le saphran réjoüit le cerveau, mais quelquefois il le réjoüit trop ; & on lit dans un Auteur digne

  1. Camerar. Syllog. memorab. Medicin. centur. 3.
  2. Apud Camerar. ibid.
  3. En plusieurs Païs on fait du pain où il y a du safran.