Page:Andry - Traité des aliments de carême, 1713, tome II.djvu/55

Cette page a été validée par deux contributeurs.

comme si on disoit qu’il est si vrai que la salive est bonne aux yeux, que ce fut avec un peu de salive mêlée de bouë, que Nôtre Seigneur rendit la vûë à un Aveugle.


DU POIVRE, DU GINGEMBRE,
& du Girofle.


Il y a deux sortes de poivre, emploïé dans les assaisonnemens : le noir & le blanc, tous deux d’un goût extrêmement fort & aromatique. Le premier est un grain rond & ridé, dont la figure approche de celle de la coriandre, mais qui est plus gros, plus dur, & environné de petits raïons faits en forme de côtes. Il vient en grappe longue & déliée, a une plante sarmenteuse comme le lierre, laquelle croît aux Indes, à Malacca, à Sumatra, & à Java. Le second est rond comme le premier, mais uni & plus gros. Quelques-uns prétendent que ce n’est que du poivre noir, dont on a ôté la premiere écorce, & qu’on a fait enfler en le mettant tremper dans de l’eau marine. D’autres, qu’il vient à part sur une autre plante, semblable à celle qui porte le poivre noir, comme le raisin blanc & le raisin noir viennent sur des seps séparez tout semblables. Quoiqu’il en soit, ils sont peu