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jourd’hui, il semble qu’on le regarde comme une nourriture, & que les choses où on le mêle ne servent plus qu’à l’assaisonner. C’est à cet abus qu’on doit attribuer la cause d’un grand nombre de maladies[1]. Au reste nôtre Auteur dit que la cassonnade est préférable au sucre pour la santé, parce qu’elle a moins passé par le feu ; & il a raison : mais ce qu’il y a d’étonnant, c’est qu’il ose tenir ce langage aprés ce qu’il vient de dire du sucre par rapport au miel. Tout à l’heure le sucre étoit meilleur que le miel, parce que le sucre a passé plusieurs fois par le feu ; & maintenant il se trouve que le feu gâte le sucre, & que la cassonnade, qui a été moins travaillée par le feu, vaut beaucoup mieux. « Il y a moins à craindre, dit-on, de la cassonnade que du sucre, car le feu aïant moins travaillé la cassonnade[2], en a moins dépoüillé les parties de ce qu’elles ont de terrestre, & les sels qui la composent, en sont moins développez & moins actifs. Ce sera donc un assaisonnement plus sûr à la

  1. Qui avidiores sunt ad saccharum, & saccharatas confectiones immodicè deglutiunt, sanguinem sibi retorrent, perpetuam sitim incurrunt, ac fœdam dentium nigredinens contrahunt ; at juvenibus præsertim nocentissimum est qui calido & bilioso temperamento esse solent. Quercet. Diætetic. Polyhistor. sect. 3. cap. 8.
  2. P. 229. de la 1e édit.& p. 401. de la 2e. tom. 1.