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car au lieu que le miel est comme la fleur des fleurs, parce que c’est des fleurs que les abeilles le tirent principalement, le sucre est une sorte de sel. Le miel donc, comme plus travaillé, aïant passé par toutes les parties d’une plante souvent aromatique, doit être plus disposé à porter l’effervescence & le trouble, au lieu que le sucre se tire de la tige de la plante qui est une espece de canne ou de roseau, & qui par conséquent tient plus du terrestre & de l’aqueux. Le sucre enfin, aïant passé plusieurs fois par le feu, a dû y perdre beaucoup de son volatil, au lieu que le miel, mille fois affiné par les mains de la nature, qui, differente de la Chymie ordinaire, travaille un suc sans feu, & le développe sans le brûler, le miel, dis-je, par toutes ces raisons, doit être plus sujet que le sucre à s’alumer. »

Voilà mot à mot l’étrange raisonnement de l’Auteur. On dit l’étrange, car il s’ensuit de-là que les opérations de la nature sont au dessous de celles de l’art, & qu’un des plus grands défauts de la nature dans les ouvrages qu’elle travaille, c’est de n’y pas emploïer des feux tels que ceux des Chymistes ; ce qui est cependant contraire au sentiment de nôtre Auteur, qui en mille endroits de son Traité vante