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tems-là, la débauche y étoit devenuë moins fréquente. Fasse le Ciel, s’écrie-t-il, que cette observation se confirme. Mais cela supposé, le caffé en seroit-il tant à blâmer ? Car alors, il modéreroit cette passion, il la régleroit sans la détruire, & la soûmettroit sans l’éteindre. »

Ce seroit, certainement-là, une grande honnêteté de la part du caffé. Mais ce n’est pas tout ; « il resteroit donc, continuë nôtre Auteur, assez de passion dans les sexes pour ne se pas haïr ; mais ils n’en auroient pas assez pour se passionner. La passion donc les uniroit moins que la raison, parce que le corps seroit assujetti, & l’ame la maîtresse. Ainsi, ce ne seroit plus une inclination honteuse qui engageroit les cœurs ; l’amitié seule & l’estime en seroient les plus doux liens : les mariages, par conséquent, deviendroient plus saints, les societez mieux assorties, & les états plus heureux. »

On ne peut juger plus favorablement du caffé, & il faut en connoître à fond la nature, pour sçavoir si au juste, ce qu’il feroit, & ce qu’il ne feroit pas. Il n’appartient qu’à l’Auteur du Traité des Dispenses, d’avoir des lumieres si profondes.