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faim & la soif, on laisse à juger s’il rompt le jeûne.

Quoi-qu’il en soit, on trouve ici contre le vin, presque tout ce qui a été recuëilli sur ce sujet, par divers Compilateurs. On y lit que le vin, selon un Pere de l’Eglise, est la perte des jeunes gens, la honte des vieillards, l’infamie des femmes, la nourrice de la folie, la mere des emportemens, le venin de l’ame, la mort de l’esprit, la ruine de toutes les vertus. Que selon l’Ecclesiastique, le vin & les femmes font apostasier. Que selon le langage du Sage dans les Proverbes, le vin est aussi dangereux que les serpens, & aussi pernicieux que le basilic, &c. Que suivant la pensée de Platon, il est le tyran de l’ame ; selon Seneque, un ami douteux, qui ne flate que pour surprendre ; selon Athenée, la nourrice de la volupté, le centre ou la metropole de tous les maux, metropolis malorum, & cent autres citations vagues, qui ne viennent point au sujet, puisqu’elles ne regardent que les excès du vin. Nous n’oublierons pas de remarquer le soin que l’Auteur prend ici de mettre Ciceron de son parti, en tronquant habilement un Passage du troisiéme Livre de la nature des Dieux. Ciceron dit dans ce Livre, que la raison est si pernicieuse à l’homme, qu’il lui seroit peut-être