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mesure qu’elle a affoibli les santez, & abregé la vie : les enfans partageant les vices des peres, & expiant leurs fautes, sont devenus moins grands. Le vin a durci leurs os, desséché leurs nerfs, arrêté leur croissance, & arrêté leur vieillesse. Il ne faut pas s’étonner, aprés cela, dit l’Auteur, si on a osé avancer qu’il n’est pas de vin innocent, ego vinum nullum innocens puto. Turnebe. On croiroit peut-être que l’Anonyme ne déclameroit que contre l’usage immoderé du vin ; mais outre qu’il vient de dire que cette boisson, lors même qu’elle contient la moitié d’eau, porte à la fureur, en quoi il est bien different d’Hippocrate, qui prétend qu’égales parties d’eau & de vin calment les troubles de l’esprit[1] ; il ajoûte que si on se retranche à dire qu’on boira du vin sobrement, on doit sçavoir que c’est souvent un excés de s’accorder peu une chose, qu’il faudroit peut-être s’interdire pour toûjours : sur quoi il cite Turnebe. Au reste, quoi-que cet Auteur prétende ici que le vin même moderément pris, ne soit propre qu’à affoiblir le corps, il ne laisse pas de dire quelques pages plus bas, qu’une des raisons pourquoi le vin rompt le jeûne, c’est qu’il donne des forces. Le vin, dit-il, donne des forces, appaise la

  1. Hipp. aphor. 56. sect. 7.