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manque de leur être sévere là-dessus, les fibres délicates de leur cerveau, lesquelles se tendent facilement par la raréfaction des esprits du vin, se relâchent de bonne heure, & deviennent flasques, avant que d’avoir eu le tems d’acquerir la fermeté nécessaire ; ce qui non seulement doit causer aux enfans, des fluxions & des caterres, mais les rendre grossiers & stupides pour le reste de leur vie, la vivacité & la pénétration de l’esprit, dependant sur tout de la fermeté médiocre des fibres du cerveau.

Si nous examinons le vin par rapport à son sel, nous y trouverons encore un grand écuëil. Ce sel est un acide tartareux, capable par conséquent, s’il vient à s’accumuler dans le corps, de faire des coagulations dangereuses ; or le vin pris 1o. trop pur, 2o. en trop grande quantité, & 3o. trop souvent, ne peut que déposer dans les visceres beaucoup de son sel acide, d’où il s’ensuit que de ce côté-là, il doit encore faire de grands désordres, comme de causer des apopléxies, des léthargies, des tremblemens, des goutes, des gravelles, & plusieurs autres maladies semblables, qui n’ont d’autre principe que la coagulation. Le moien de prévenir tous ces accidens, c’est de bien tremper le vin que l’on boit.