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Ils nourrissent beaucoup, ils humectent, & ils lâchent, mais il en faut boire peu, sans quoi ils font des obstructions par leurs parties grossieres : le vin bourru, sur tout, est de cette nature, & il produit beaucoup de bile. Ces sortes de vins, au reste, n’enyvrent guéres, ce qui vient de ce que les esprits en sont trop concentrez. Mais il y en a qui avec cette douceur, autrement appellée liqueur du vin, ont beaucoup de picquant, & ceux-là sont plus apéritifs, parce que leurs soufres ont été plus coupez & plus divisez par les pointes des sels.

Les vins acerbes & austeres ont des sels grossiers, plus capables d’embarrasser les parties où ils sont portez, que de les pénétrer, ce qui est cause qu’ils sont forts astringens, & qu’ils resserrent l’estomac & les intestins. Ces vins nourrissent peu, & n’attaquent guéres la tête ; mais comme ils sont extrêmement styptiques, il y a peu de constitutions ausquelles ils conviennent.

Les vins qui tiennent le milieu entre le doux & l’austere, sont les plus agréables, & en même tems les plus sains ; ils fortifient l’estomac, & se distribuënt aisément.

Il y a des vins qui n’ont que du picquant, & dont ce picquant tire sur