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que l’eau éclaire l’esprit. Or cela étant, il n’est pas possible, à considerer les contradictions & les méprises dont le Traité des Dispenses est rempli, que ce soit un bûveur d’eau qui l’ait composé. Mais d’un autre côté, est-ce un fait bien hors de doute, que ceux qui ne boivent que de l’eau, aïent plus de lumiere, plus de sagacité & plus d’industrie que les autres ? Il est bien certain que le vin, pris avec excés, abrutit l’esprit ; mais le vin pris modérément, le vin suffisamment trempé, sera-t-il moins propre que l’eau à donner de l’esprit ? c’est ce qu’il n’est pas facile de prouver. Et pour dire la chose comme elle est, l’expérience fait voir le contraire. Le vin modérément pris, donne de la facilité au cours du sang, augmente les esprits animaux & les purifie : ce qui doit nécessairement favoriser les fonctions de l’ame. Aprés tout, quand on est né avec de l’esprit, on en a toûjours, soit qu’on boive son eau pure, ou qu’on y mêle du vin. Et quand on est né stupide, on l’est toute la vie, sans que l’eau, ou l’usage moderé du vin, puisse changer le fonds de la nature.