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la nature de l’eau, & que les légumes & les fruits sont à peu prés de même qualité ; qu’ainsi tous ces alimens, étant créatures des eaux, se dissoudront mieux dans l’eau, que dans aucune autre boisson. Il est facile de répondre à ces raisonnemens. Il est vrai que les mixtes ne se dissolvent bien, que dans des dissolvans de leur nature ; mais ces mixtes, &, en particulier, les poissons même & les fruits, ne sont pas uniquement composez d’eau : il y a dans tous, de l’eau, du sel, de la terre, du soufre ; & ainsi l’eau ne sçauroit être, à l’égard de tous ces principes, un dissolvant également efficace. Les liqueurs vineuses tirent des corps certains principes, que les liqueurs purement aqueuses ne tirent pas. De plus, la digestion ne se fait pas seulement par voïe de dissolution, elle se fait encore par voïe de fermentation. On auroit beau jetter de l’eau sur du moût pour faire du vin, on détremperoit ce moût, mais il ne fermenteroit pas, ou ne fermenteroit qu’à demi, & on n’en exalteroit pas les principes. Si tout de même dans un vin, qui, faute d’avoir assez fermenté, vient à s’engraisser, on jette de l’eau pour le rétablir ; bien loin de venir à bout de le corriger, on sera cause que les sels du vin affoiblis