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mes vertus qui le rendent capable de tant de bons effets, quand on le sçait emploïer à propos, ne servent qu’à le rendre d’autant plus dangereux, quand on en abuse. Car puisqu’il renferme un sel caustique, par lequel il purifie les ulceres, mange les carnositez les plus dures, & découvre jusqu’à la chair vive, quel désordre ne causera-t-il pas s’il vient à mordre, par son sel acre, sur des membranes tendres & délicates ? Il ne pourra manquer alors d’exciter des convulsions dans les nerfs de la gorge & du ventricule, & d’ébranler tout le genre nerveux. Quel tort ne fera point la salive, étant une fois chargée de ce sel, si elle en répand par tout l’acreté, en se mêlant avec les alimens qui doivent être convertis en chyle, & portez ensuite avec le sang à toutes les parties du corps.

Le soufre narcotique du tabac, s’il vient une fois à se développer, n’est pas moins à craindre que son sel. Il est vrai que ce soufre, par le calme qu’il produit, peut arrêter, comme nous l’avons remarqué, les maux de dents, & faire plusieurs autres bons effets ; mais si l’on examine bien d’où viennent tous ces avantages, on verra qu’il ne faut pas beaucoup s’y fier. En général, rien ne doit mieux faire con-