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que d’une morale pointilleuse, que la Religion ne connoît point.

Il est aisé de voir par toutes les circonstances que nous venons de poser, que nous ne prétendons point autoriser la conduite de ceux qui passeroient, par exemple, une partie considérable de leur tems à fumer, ou à prendre quelqu’autre amusement que ce fût ; mais ce n’est pas ici le cas dont il s’agit avec nôtre Auteur, puisqu’il prétend que l’usage même moderé du tabac, pris par amusement, rompt le jeûne, & que l’usage de ce même tabac pris par remede, ne le rompt pas moins, si l’on n’a pas soin d’approcher les heures où on le prend, de celles des repas. Quand même, dit-il, ou, pour ne rien changer dans ses termes, « Quand bien même il seroit vrai que le tabac fût un remede, ne suffiroit-il pas d’en prendre seulement à certaines heures, & ces heures ne pourroient-elles point être à peu prés celles des repas[1] ? Ce seroit un moïen pour le faire concourir avec le jeûne, & pour en ménager la regularité ; sinon ne sera-ce pas s’exposer à le rompre ? » L’Anonyme, pour consoler ceux que cette morale sur le tabac pourroit allarmer, dit que le tabac est toûjours mal sain ; & au lieu de prendre là-dessus le juste mi-

  1. p. 505. de la 2e. tom. 2.