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nouvelles, on se promenera, on préferera une lecture indifférente, mais qui contentera davantage, à une autre qui satisfera moins ; on se plaira à respirer un air frais ; on goûtera d’un met qu’on croira plus savoureux ; est-ce à dire que le jeûne sera rompu pour cela ? De plus, il est des plaisirs innocens, dont la fin peut être en général, & implicitement, rapportée à Dieu, l’homme a besoin de quelque chose qui le divertisse, qui le relâche, qui l’amuse même, s’il le faut dire : or il est permis de prendre ce divertissement, parce que c’est un divertissement ; cet amusement, parce que c’est un amusement, pourvû qu’il soit innocent par lui-même, & qu’il n’ait rien de contraire à la disposition où chacun doit être dans son cœur, de ne rien faire qui puisse blesser sa conscience. Quand l’amusement, ou le plaisir innocent que l’on prend est tel, il n’y a rien à craindre, on le peut goûter sans risque de blesser son devoir ; chacun sent cela, sans qu’il soit nécessaire d’être Theologien. D’ailleurs une satisfaction peut bien n’être pas absolument innocente, sans être pour cela si criminelle, qu’on ne la puisse prendre sans rompre le jeûne ; & si on trouvoit des raisons contraires à cette maxime, elles ne pourroient venir