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prévoit que n’en aïant jamais pris, il lui arrivera, comme à quelques-uns, d’en être étourdi, n’est point coupable en risquant ce danger. Ce mot d’enyvrer a quelque chose d’odieux, dont l’Auteur profite, sans s’embarrasser s’il ne le fait point à la faveur de quelque équivoque.

3o. Ce qui donne des forces, ce qui ôte la faim & la soif, ne rompt-il pas le jeûne ? autre équivoque. Ce qui donne des forces, ce qui ôte la faim & la soif en nourrissant, ne rompt-il pas le jeûne ? oüi. Ce qui donne des forces, ce qui ôte la faim & la soif sans nourrir, ne rompt-il pas le jeûne ? non. Un grain de sel tenu dans la bouche lorsqu’on est tourmenté d’une extrême soif, la rend plus supportable, & quelquefois la dissipe, parce qu’il se détache par ce moïen une certaine quantité de salive qui humecte le gosier, l’ésophage & l’estomac. L’Armée de Charles V. seroit périe de soif au siége de Tunis, sans qu’on fît aviser les soldats de cet expédient[1]. Un bouton de bois, ou quelqu’autre chose de semblable, promené sur la langue, produit à peu prés le même effet, en excitant les glandes salivaires à se vuider. Peut-on dire que celui qui étant

  1. Bicher in Præfat. lib. de Sanit. const. apud Jonst. de sale.