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comme nous l’avons déja remarqué, que ce ne fût jamais rompre le jeûne, que de ne pas passer cette mesure ; ils ont seulement voulu marquer un terme au-delà duquel, ceux même qui sont de compléxion à manger beaucoup, ne doivent point aller. Ils ont écrit pour tout le monde consideré en general, & non pour chacun en particulier ; au lieu que l’Anonyme confond tous les âges, tous les tempéramens, toutes les compléxions, tous les états, comme s’il n’y avoit là-dessus aucune difference parmi les hommes.

Quant à ce qui vient d’être remarqué la livre d’Espagne & de Provence, sçavoir, qu’elle est moindre que la nôtre, l’Anonyme dit que c’est un fait à examiner. Mais sentant bien qu’une telle réponse ne suffit pas, il a recours à un faux-fuïant : il ajoûte qu’en supposant même que la livre d’Espagne soit au dessous de la nôtre, cette difference ne met nullement à couvert les Theologiens d’Espagne, vû qu’en Espagne on mange bien moins ; sur quoi il dit que huit onces de nourriture accordées à un Espagnol pour sa collation, sont une mesure énorme ; mais il outre visiblement les choses. Nul Espagnol d’un âge fait, & se portant bien, n’est si petit mangeur, que la quantité de