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quand il est mêlé avec les viandes, on n’en doit pas craindre le même effet, car outre qu’il est en moindre quantité, & que les alimens le corrigent, il s’arrête moins aux dents. Plusieurs Boulangers ont coûtume de paitrir une partie de leurs pains avec du lait, ce qui a son inconvenient pour la santé ; car outre que par ce moïen la farine du plus mauvais froment paroît aussi blanche que celle du meilleur, il s’en faut de beaucoup que le pain qui est paitri au lait, soit aussi sain que l’autre. Il produit un suc grossier & épais qui embarrasse les visceres, & qui cause ordinairement des obstructions dangereuses.[1] Nous en avons vû quelques exemples, & deux entr’autres qui paroissent convainquans ; l’un d’un Vieillard tourmenté d’un asthme violent, dont il fut délivré en s’abstenant seulement de cette sorte de pain, qui étoit son pain ordinaire ; l’autre d’une Dame attaquée depuis plusieurs années de palpitations, & accoutûmée au même régime, laquelle guerit enfin en ne mangeant plus que du pain paîtri à l’eau.

Nous avons dit que le lait cuit resserroit le ventre, mais nous n’en avons point donné de raisons ; voïons si

  1. Lud. Nonn. lib. 1. cap. 2.