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plus raisonnable qu’on puisse donc tenir ici, sera de leur proposer les Communautez qui menent une vie commune, & qui n’ont d’autre pénitence que la retraite, l’étude, & les fonctions du Ministere, comme aux Jesuites, à l’Oratoire, à Saint Lazare, à Saint Sulpice, & ailleurs. Or dans toutes ces Communautez on donne à collation, en pain ou en fruit, tout au moins six onces, qui en font huit de Provence, & l’on va quelquefois jusqu’à huit, qui en valent dix. Prenons pour exemple le Seminaire de Saint Magloire, où il y a des personnes de toutes sortes de tempéramens, où il faut s’accommoder à la portée d’une centaine de jeunes gens, d’un appétit merveilleux : il est constant qu’on sert à chacun à collation prés de huit onces en pain ou en fruit, car on donne prés de cinq onces de pain, & le fruit qui consiste tantôt en deux pommes, tantôt en un petit plat de pruneaux, ou de figues, va bien à prés de trois onces, voilà les huit onces. Mais on ne dit pas à ces Messieurs, que soit qu’ils aient une grande faim ou non, ou que leur compléxion, leur âge, leurs occupations, demandent plus ou moins de nourriture, ils peuvent manger tout, sans craindre de rompre le jeûne ; on s’en remet là-dessus à