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cle de cette troisiéme Partie. Pour ce qui est de l’autre point ; sçavoir, que c’est une erreur de penser que le travail dissipe beaucoup d’esprits : voici comme l’Auteur le prouve.

« Cette refléxion, dit-il, (que le travail ne peut dissiper les esprits) sera sans replique, si l’on songe que les esprits, comme le sang, circulent dans les nerfs, & qu’ils s’échappent moins hors du corps dans ses mouvemens, qu’ils ne se déplacent. Ils se portent ailleurs au sortir des muscles, & repassent des nerfs dans le sang ; le travail donc pourra les rappeller plus souvent dans les organes du mouvement, mais il en dissipera peu. De plus, ajoûte-t-il, le suc nerveux, par le moïen du travail, circulant plus souvent, s’affine & se cohobe davantage ; plus divisé même alors, il peut occuper plus d’étenduë, puisqu’une liqueur occupe d’autant plus d’espace, qu’elle est plus parfaitement divisée, & qu’une vapeur acquiert plus de superficie, que la liqueur d’où elle sort. On comprend donc qu’un moindre volume de suc nerveux, devenu plus fin & mieux divisé, remplira aussi exactement les nerfs, qu’une quantité plus grande, mais plus grossiérement divisée ; & par cette raison, le travail affoiblit moins qu’on ne pense. »