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briété avec la pénitence ; & de faire consister non seulement le jeûne, mais la perfection du jeûne, à demeurer sur son appétit ! Bizarre espece de mortification, que de se borner à ne pas boire & manger jusqu’à se remplir ! Studium sanitatis non satiari cibis. Suivant cette morale, il n’y a presque point d’honnêtes gens qui ne jeûnent tous les jours. Nôtre Auteur veut faire le sévere, & il tombe dans l’excés du relâchement. C’est dequoi il nous fournit plusieurs autres exemples ; & puisque l’occasion s’en présente, en voici deux que nous rapporterons.

Premier exemple. Pour montrer le peu de fondement des dispenses du jeûne, il dit que le jeûne ne nous fait faire que ce que faisoient les Romains même, qui se contentoient d’un seul vrai repas, qui étoit celui du soir ; qu’à la vérité ils dînoient & soupoient pour l’ordinaire ; mais que l’un de ces repas n’étoit chez eux qu’un demi repas, puisque du tems de Ciceron, l’on regardoit comme intempérance, de manger son saoul[1] deux fois le jour. Voilà donc la raison qu’on nous apporte, pour montrer qu’encore que les Romains fissent deux repas, il n’y

  1. C’est l’expression de l’Anonyme, & cette expression lui est familiere.