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prétendre à l’exemption du jeûne ? Or c’est ce qui lui arrive infailliblement dans ces deux états ; car ce qu’elle avoit de trop, passe en suc nourricier, & devient la matiere de la lymphe dont se nourrit l’enfant avant que de naître, & du lait dont il vit quand il est né. Ces raisons, soûtenuës d’un peu de foi, pourroient faire tomber bien des dispenses. »

Ces raisons, quelque belles qu’elles paroissent à l’Auteur, ne sont qu’un paralogisme. Une femme fait plus de sang qu’il ne lui en faut en santé, quand elle n’est ni grosse ni nourrisse. Ce n’est pas assez dire, il faut supposer en même tems qu’elle jeûne, sans quoi le raisonnement ne sçauroit être juste. En effet, de ce qu’une femme qui ne jeûne pas, fait plus de sang qu’il ne lui en faut quand elle n’est ni grosse ni nourrisse, il ne s’ensuit pas que lorsqu’elle jeûnera, & qu’avec cela elle sera grosse ou nourrice, elle fera encore plus de sang qu’il ne lui en faudra. Il falloit donc supposer ici les choses égales des deux côtez, en disant, par exemple : si une femme qui jeûne fait encore plus de sang qu’il ne lui en faut en santé, lorsqu’elle n’est ni grosse ni nourrice ; & si quand elle est grosse ou nourrisse, ce superflu va au profit de l’enfant, sans rien ôter à