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donc le surcharger & gorger les vaisseaux, que de prendre alors beaucoup d’alimens, car l’estomac plein encore & occupé ne les broïera qu’imparfaitement. Le sang se trouvera donc comme empâté par quantité de sucs grossiers, pesans & mal apprêtez. Sur le soir au contraire, les occupations de la vie, & l’exercice du corps aïant, d’une part, aidé à digérer & à distribuer les sucs nourriciers du jour ou de la veille, & la transpiration, de l’autre part, aïant vuidé les vaisseaux, rien ne s’oppose à l’action de l’estomac, & tout le corps vuide, peut, sans inconvénient, se remplir de nouveau.

Il est facile de combattre ces raisons, & l’Auteur prend soin de le faire lui-même en deux endroits. Premiérement à la page 395.[1] où il avertit qu’on ne dort jamais mieux que quand on a peu soupé, ou qu’on n’a point soupé du tout ; & secondement à la page 397.[2] où il dit que ceux d’entre les vieillards qui se sont le mieux étudiez, ont reconnu qu’ils se portoient mieux de ne point souper du tout.

Si les raisons que l’Auteur apporte en faveur du souper étoient véritables, sçavoir, que l’estomac est plus préparé à la digestion le soir, & que les coctions, les dépurations, & les distributions sont alors plus achevées,

  1. & pag. 175. de la 2e. tom. 2.
  2. & pag. 178. de la 2e. tom. 2.