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tant plus, qu’on a moins de soin de la réparer, c’est une étrange proposition, de dire que la nourriture ne soit nécessaire aux adultes qu’en passant, & sur tout qu’elle leur soit si peu nécessaire, qu’ils puissent en être privez pendant quatorze jours, & se bien porter encore aprés, sans qu’il y ait rien en cela de merveilleux. De la maniere dont le corps est construit, il n’est pas nécessaire d’une si étrange inanition pour mourir, ou pour être prés de mourir. Galien[1] dit avoir vû des personnes attaquées les unes de violentes syncopes, les autres d’horribles convulsions, pour avoir demeuré trop long-tems sans nourriture, & ces personnes assurément n’avoient pas été des quatorze jours sans boire ni manger. A peine peut-on se passer d’aliment pendant un jour sans tomber dans un abbattement extrême ; & comme l’observe Hippocrate[2], si l’on veut seulement se retrancher un repas, lorsqu’on a coûtume d’en faire deux, la santé en souffre quelquefois à l’excès ; témoin, dit-il, les défaillances de tout le corps, les chaleurs

  1. Galen. lib. 8. Meth. medend. cap. 7. scribit complures in syncopes fastidiosissimas, atque hecticas febres incidisse, & lib. 5. de locis affectis Grammaticum quendam præ inædiâ sæpius convulsum vidisse dixit. Prosp. Alpin. de præsagiendâ vitâ & morte ægrotantium. p. 52.
  2. Hipp. de veter. Medic.