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teurs & l’autorité des Magistrats ? Nous ne faisons pas difficulté de le dire. Le relâchement de nôtre siécle, sur le fait de l’abstinence, ne seroit pas bien excessif, s’il n’y avoit que des malades & des valétudinaires, qui fissent gras en Carême. Et plût à Dieu que sur ce point, la Religion n’eût pas de plus grands sujets de plainte.

Deux autres abus scandalisent nôtre Auteur ; l’un, que quiconque veut acheter de la viande à l’Hôtel-Dieu en Carême, y est bien venu ; l’autre, qu’on y trouve de la volaille si l’on en veut. « Il falloit il y a 80. ans, dit-il, porter à l’Hôtel-Dieu des attestations du Curé & d’un Medecin. Ces attestations définissoient la nature de la maladie, & la qualité de la viande qui y convenoit. C’était du veau quand il y avoit de la fiévre, & du bœuf quand il y avoit cours de ventre. Car, reprend-il, ce n’étoit que de la grosse viande, qui se permettoit ou se débitoit alors. L’usage de la volaille étoit inconnu, bien différent de celui d’aujourd’hui qui fournit des ressources aux impies & aux libertins, qui trouvent pour de l’argent, de quoi satisfaire leur sensualité & leurs débauches. Car ils ont à discrétion des perdrix, des bécasses, des faisans, des lapins, &c. tous mets qu’il est aussi