Page:Andry - Traité des aliments de carême, 1713, tome II.djvu/117

Cette page a été validée par deux contributeurs.

sans comparaison, plus que cela, qui font gras légitimement : d’où il faut qu’il concluë, malgré ses principes, qu’il y avoit donc alors dans la même Ville, ou moins de monde, ou moins de malades, ce qui rend inutiles tous ses calculs, & renverse toutes ses conséquences. Il a senti la difficulté, & pour s’en tirer, il fait une réponse qui le met dans son tort d’un autre côté.

« Le fait, dit-il, est constant, qu’il ne se tuoit, il y a 80. ans, que six bœufs, & environ soixante veaux en Carême, ce qui ne produit que six mille six cens livres de viande pour les quarante jours de Carême : ce seroit de quoi nourrir à peine 450. personnes. Reste à conclurre que ceux-là seuls qui étoient vraiment malades, se faisoient dispenser, & que les valétudinaires, qui sont aujourd’hui le plus grand nombre par rapport aux dispenses, n’y étoient pas compris. Ajoûtez qu’il n’y a pas 80. ans que les Anglois ne donnoient que des crêmes d’orge & de ris à leurs malades, apparemment parce que les boüillons à la viande étoient moins communs qu’aujourd’hui en Europe, aprés quoi on sera moins surpris du petit nombre de malades qui faisaient gras en Carême, il y a 80. ans. »