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n’y avoit pas à Paris, il y a 80. ans, plus de quatre cens cinquante personnes qui fissent gras en Carême, & qu’il faut qu’il y en ait aujourd’hui 37000. Là-dessus il crie que tout est perdu : Que les dispenses n’auront bien-tôt plus de bornes, si on les laisse aller de même pas : Qu’on doit tout craindre pour la pieté Chrêtienne, si le zele des Pasteurs & la sagesse des Magistrats n’arrêtent promptement ces abus.

Nous ne prétendons pas nier que l’observance du Carême, ne soit fort négligée aujourd’hui, & qu’il ne fût fort à propos que les Pasteurs & les Magistrats renouvellassent leurs soins pour empêcher le relâchement d’aller plus loin : mais de prétendre, comme fait l’Auteur, que parce qu’on ne tuoit, il y a 80. ans, que six bœufs à l’Hôtel-Dieu de Paris pendant le Carême, & qu’aujourd’hui on y en tuë cinq cens, il s’ensuive qu’il y ait entre le nombre de ceux qui se dispensoient autrefois du Carême, & le nombre de ceux qui s’en dispensent aujourd’hui, la même différence qui se trouve entre 450. & 37000. comme l’Auteur le soûtient[1], c’est une erreur toute visible ; & sans entrer là-dessus dans ses calculs, qui ne vont point au fait, on ne veut que deux

  1. pag. 581. de la 1e. édit. & p. 518. de la 2e. tom. 2.