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qu’on dissout plus de mixtes, & qu’on en tire plus de sucs par les dissolvans aqueux, que par les autres : cela étant, comme nôtre Auteur le reconnoît lui-même, puisque ce sont ses propres paroles que nous venons de copier, comment la viande, lorsqu’elle sera long-tems dans l’eau bouillante, n’y perdra-t-elle pas la meilleure partie de son suc ? Elle l’y perd si fort, que le boüillon en tire, comme l’on sçait, toute la gelée. C’est donc une erreur, de prétendre que la viande boüillie soit plus nourrissante, & il faut demeurer d’accord avec Mundius que ce qui fait que le rôti a plus de goût que le boüilli, c’est qu’il a encore tout son suc, au lieu que la viande boüillie a perdu une partie du sien, par le moïen de l’eau : Asssatæ carnes sunt sapidæ succo intus detento, elixæ verò alieno humore sunt humidæ, suo elixatione aliquatenus evocato[1].

Mais supposons que le boüilli ait plus de suc, il s’ensuivra qu’on le devra défendre à la plûpart des malades, puisqu’aïant plus de suc que le rôti, il en aura trop sans doute pour leur pouvoir convenir ; car, comme l’Auteur lui-même l’avouë, il ne faut pas emploïer pour la nourriture des malades ce qu’il y a de plus succulent ; une

  1. Mundius de Zoophagiâ.