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l’œconomie du corps, par les feux, les étourdissemens, les saignemens de nez, les maux de tête, les lassitudes, parce qu’il mettra tout le sang en mouvement & en effervescence. Le rémede naturel à tant de maux, c’est de fixer en partie le volatil de cet aliment, de lui fournir un vehicule qui l’affoiblisse & qui le porte tranquillement dans le sang, or c’est ce que fait la boisson. »

A une telle peinture, qui ne prendroit l’œuf pour un poison ? Mais comment une nourriture, qui est la plus légere de toutes, une nourriture dont le crime n’est autre que d’avoir quelque chose de trop bon, une nourriture qui passe presque toute entiere & tout d’un coup dans la sorte de sang la plus parfaite, c’est-à-dire, en un sang simple, doux & laiteux, car c’est ainsi que l’Auteur définit le bon sang, comment une nourriture de cette sorte peut-elle produire tant de maux ? Mais comment, sur tout, peut-il être vrai que le sang dans sa perfection étant une liqueur simple, douce, laiteuse ; l’aliment qui se changera en ce sang parfait, se changera néanmoins en un suc moins laiteux que vineux ? quoiqu’il en soit, nous avoüons que les œufs sont une trop bonne nourriture pour devoir être permis en Carême sans nécessité ; mais si nous les