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sçauroit prendre parti sur une chose qu’en y songeant, & que prendre toute sa vie le parti de ne point songer à la mort, c’est y songer toute sa vie.

Examinons un peu ce raisonnement, prendre toute sa vie le parti de ne point penser à la mort, n’est-ce pas y songer toute sa vie, oüy ; mais ce n’est pas y songer pour s’y preparer, qui est la seule maniere de songer, dont il s’agit dans cet Exemple. Ainsi c’est là un sophisme des plus grossiers, que de s’appuyer sur un mot qui a deux sens, comme s’il n’en avoit qu’un ; c’est comme qui diroit : penser à la mort, est une chose salutaire. Or penser que la mort ne nous surprendra pas, c’est penser à la mort. Donc penser que la mort ne nous surprendra pas, c’est une chose salutaire. Si le raisonnement de nôtre Critique