Page:Andry - Réflexions sur l’usage présent de la langue française.djvu/654

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

res, & que ce sont les heures qui sont sonnées par l’horloge.


Sort, hazard.

Il n’y a peut-estre pas dans toute nostre Langue de termes plus creux que ceux-là : le sort est aveugle, dit-on d’ordinaire, cela est arrivé par hazard, le hazard gouverne presque tout, mais l’on ne prend pas garde que ce sort, que ce hazard qu’on fait tant valoir n’est à parler exactement que nostre ignorance, laquelle fait qu’une chose qui a en soy des causes nécessaires & déterminées ne nous paroist pas en avoir ; & que nous ne sçaurions dire pourquoy elle est de cette maniére plûtost que d’une autre. Un homme qui tient des dez ou des cartes à la main, voit tout égal en apparence entre luy & celuy avec qui il jouë ; & dans la veuë de cette égalité, comme l’a remarqué un Auteur, il se forme un fantôme dans son imagination,