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Plurier douteux.

M. de Vaugelas dit dans ses Remarques, que ce ne seroit pas bien parler de dire : ou la douceur ou la force le feront. La raison qu’il en apporte est que comme c’est une disjonctive, il n’y a que l’une des deux qui regisse le verbe ; mais cette raison n’est pas valable, car on dira fort bien : est-ce que son pere ou sa mere sont morts, & ce seroit au contraire tres-mal dit, est-ce que son pere ou sa mere est mort, ou bien : est-ce que son pere ou sa mere est morte.

D’ailleurs si ce principe estoit vray, il s’ensuivroit que lors que ce seroit une conjonctive, il faudroit mettre le plurier, car alors le verbe se rapporteroit aux deux nominatifs ensemble : cependant nos meilleurs Auteurs font souvent le contraire. Témoin ces exemples, vous durez encore places que l’Art & la Nature a fortifiées[1].

  1. Oraison Funébre de M. de Turenne par M. Fléchier.