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seulement à faire des périodes longues, mais encore à redire cent fois les mesmes choses sous des paroles différentes ; les personnes peu éclairées regardent cela comme une perfection : les uns disans, de ceux qui y sont sujéts, qu’ils ont une grande abondance : les autres, une grande volubilité : les autres, un grand flux de paroles, c’est leur terme ; & cependant c’est la vraye marque d’un esprit stérile. La plûpart des Auteurs s’y laissent aller ; & il y a peu de Livres où il ne fallust retrancher plus de la moitié, si l’on vouloit oster toutes les paroles & les phrases superfluës. Un Auteur de ce temps a bien eu raison de dire, que pour former les hommes à l’éloquence, il vaudroit mieux leur apprendre à se taire qu’à parler[1]. Cependant c’est à quoy l’on ne pense pas ; & je m’estonne de voir que ceux qui com-

  1. Art de parler.