Page:Andry - Réflexions sur l’usage présent de la langue française.djvu/331

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

te que comme criminelle, & d’une maniére qui joint à la signification principale une idée d’impudence & d’effronterie. Il arrive de là qu’une mesme chose peut estre exprimée honnestement par un son, & deshonnestement par un autre, si l’un de ces sons joint quelque idée qui en couvre l’infamie, & si l’autre au contraire la présente à l’esprit d’une maniére impudence ; ainsi comme on l’a remarqué dans l’Art de penser, les mots d’adultere & d’inceste ne sont pas infames, quoy qu’ils signifient des actions tres-infames ; parce qu’ils ne les réprésentent que sous un voile d’horreur qui les fait regarder comme des crimes, de sorte que ces mots signifient plûtost le crime des actions, que les actions mesmes. Tout cela néanmoins dépend de l’idée que l’usage attache aux mots, c’est pourquoy aussi quand il plaist à l’usage, un