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c’est une autorité qui peut mettre les nostres à couvert ; mais je réponds qu’on ne les doit point approuver en cela, quoy qu’ils ayent écrit la plûpart en une Langue, à laquelle ces sortes de noms semblent appartenir en propre. Comment, par exemple pourrons-nous approuver Sannazar d’avoir remply un Poëme Chrestien de Driades & de Nereïdes, d’avoir introduit Protée prédisant le Mystere de l’Incarnation ? Comment excuser Buchanan, qui pour nous dépeindre dans son Baptistes les tourmens dés damnez, ne parle que des manes des Eumenides, de Cerbere, & de Tantale ? Comment justifier l’Arioste, qui fait jurer le vray Dieu par l’eau du Styx, qui fait faire à l’Archange Gabriel l’office de Mercure, & l’envoye de la part de Dieu, chercher le silence dans la maison du sommeil ?