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peuvent s’en défaire dans les matiéres les plus Chrêtiennes. Ils ne feront point difficulté, par exemple, en parlant de Dieu de l’appeler Jupiter, de donner à l’Archange Gabriël le nom de Mercure ; au lieu de dire les démons, ils diront les furies, & ne parleront que de Tisiphone, de Mégere, & d’Alecto ; M. de Balzac qui condamne fort cette conduite, dit que ces gens-là font comme un certain Ambassadeur, qui estant venu tout nouvellement de Constantinople pour résider à la Cour de Rome, & ayant encore l’imagination pleine de l’Empire d’Asie, & de la grandeur des Ottomans dans la Harangue qu’il fit au Pape Leon, luy donna de la Hautesse ; & aprés plusieurs loüanges emphatiques, luy dit pour conclusion qu’il estoit le grand Turc des Chrestiens.

On pourra dire peut-estre que presque tous les Poëtes étrangers en ont usé ainsi, & que