Page:Andry - Réflexions sur l’usage présent de la langue française.djvu/291

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

semble superflu ; & n’osent se servir d’aucune expression, dont tous les mots ne soient d’une absoluë necessité pour le sens. Il y en a mesme qui vont en cela jusqu’à l’excés, n’est-ce pas bien mal-à-propos, par exemple, que certaines personnes soutiennent qu’on ne doit point dire un jeune enfant, parce qu’il n’y en a point de vieux. Ne sçait-on pas, disent-ils, que les enfans sont jeunes, & qu’ils n’ont pas quatre-vingts ans. Cette raison est pitoyable. D’ailleurs comme il y a des enfans plus jeunes les uns que les autres, quand on dit un jeune enfant, on marque un enfant qui est encore fort petit ; & c’est en ce sens que le R. P. Menestrier Jésuite, s’en est servy assez à propos dans son Livre des Regles des Ballets[1], lors que parlant avec eloge d’un Ballet qui se fit un jour, pour solemniser la Feste de S. Ignace, Fon-

  1. Pag. 185.