Page:Andry - Réflexions sur l’usage présent de la langue française.djvu/106

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

ment il faudroit donc dire, cette femme est aveuglesse.

L’Auteur qui a intitulé son livre, les véritables principes de la Langue Françoise, s’est lourdement trompé de prétendre que borgne fasse borgnesse au feminin ; comme Abbé fait Abbesse. Car si borgnesse se peut dire quelquefois, ce n’est que par mépris & par dérision.


Bon-homme.

Ce mot se dit rarement en bonne part quand on dit, un bon-homme, c’est comme si l’on disoit un homme qui n’a pas beaucoup d’esprit, c’est pourquoy ce terme est fort injurieux quand on le dit malicieusement ; & mesme si l’on veut consulter l’usage, on trouvera que le nom de méchant homme, ne choque point tant que celuy de bon-homme, parce que le prémier marque un vice de volonté, au lieu que l’autre marque un vice d’esprit : car encore que